Mer et Montagnes
Camp d’alpinisme de fin d’année E.R.E.A Juin 2007
Les uns :
Ils s’appellent Nourddine, Yamine, Kévin, Dylan, Christopher et … Florian.
Ils ont entre 13 et 18 ans et sont élèves à L’E.R.E.A d’Epinal. Ils s’y sont préparés toute l’année :
- manipulations de cordes et apprentissage des techniques
- randonnée test dans les Hautes Vosges.
- Escalade et rappels hebdomadaires en salle et en extérieur
Les autres :
Olivier, Raphaël, Jean, Gilles, Gérard et Jean Yves sont enseignants à l’E.R.E.A, membres du CAF, ou guide de Haute Montagne et tous motivés pour accompagner ces jeunes en grande difficulté scolaire dans un monde que peu d’élèves ont déjà approché.
L’objectif :
L’Aiguille du Tour (3546 m.) et Tête Blanche dans le Massif du Mont Blanc.
Le déroulement :
Comme d’habitude, la météo, jusque là souriante, se dégrade et le jour du départ (lundi 25 juin), le soleil fait défaut ; l’arrivée à Chamonix nous permet malgré tout d’entrevoir le bas du glacier des Bossons, ce qui nous confirme que nous sommes bien en montagne, puis les écluses du ciel s’ouvrent sans promesse d’accalmie avant 24 heures. Le temps des premières décisions étant venu, le repos vespéral prévu dans le refuge spartiate Albert I se mue en confortable étape au Centre Alpin du village du Tour.
Le lendemain, mardi 26, gris et froid (neige prévue à 1800 m.), nous contraint à modifier nos plans. Notre guide émérite nous propose de remonter la mer de glace, départ du Montenvers et après la vertigineuse descente des échelles, nous prenons pied sur le glacier sur lequel les élèves apprennent à progresser dignement après quelques perforations de guêtres, chaussettes et mollets.
Comme la chute dans une crevasse semble être un rituel immuable, nous décidons de devancer l’appel et nous précipitons les uns après les autres au fond de la plus béante qui, bonne fille, accepte de nous restituer au monde extérieur au prix de quelques efforts et matériels appropriés : remontée sur deux piolets notamment où l’exercice devient vite jeu et plaisir.
Les choucas devront se contenter des reliefs de notre repas et c’est rompus aux techniques de la progression sur glacier que nous rejoignons le Montenvers, où le petit train ne descend pas plus vite qu’il ne monte (sic).
Notre camp de base est encore plus accueillant après l’effort.
Mercredi 27, l’amélioration annoncée se concrétise : il pleut … Et que fait-on quand il pleut ? Hein ? Dites ? – UNE VIA FERRATA, bien sûr ! …
En route pour le Grand Bornant et le Pic de Jalouvre, montagne erratique qui dresse sa masse inquiétante ourlée de brume loin au dessus de nos têtes.
Nous sommes tous prêts à déguerpir mais le guide – payé pour cela, il faut bien le dire – nous rattrape par le fond du poncho et après un briefing efficace nous lance à l’assaut de la voie : c’est parti pour 5 heures d’efforts et de sensations fortes, occupées à lutter contre la verticalité froide et humide parfois interrompue par une vire boueuse et couverte de déjections de bouquetins : c’est Woodstock en pente raide.
Le passage dit du « Cul Tourné » - allez y pour comprendre – nous offre quelques belles sensations et l’énoncé de messages laconiques du type : « Allô, Houston, nous avons un problème ! »
Les plus téméraires s’attaquent à la dernière partie du parcours, tellement aérienne que la brume les avale.
Quant aux autres, ils sont accostés par les bouquetins locaux qui leur demandent des autographes.
Retour au bercail où le camp de base est encore plus accueillant que la veille où il l’était encore plus que la veille où il l’était déjà. (… si vous suivez….)
Il y eut un soir, il y eut un matin, quatrième jour (c’est biblique)
Et ce matin là, c’est Noël : GRAND BLEU.
L’Aiguille du Tour nous domine au loin, elle dit « oui », elle dit « non », elle dit « je vous attends ! » (C’est du Brel)
Ils sont tous là : les Drus, L’Aiguille Verte, l’Aiguille du Midi, les Aiguilles de Chamonix et les Aiguilles Rouges (non, ce n’est pas du Marx).
La conclusion :
Alors, forts de cet enseignement, qui clame que la montagne ne se donne pas quand on veut et comme on veut, mais qu’elle donne de toutes façons, nous entamons le chemin du retour, certains que ce n’est qu’un au revoir – jamais 2 sans 3 – et élaborons déjà des projets pour l’année prochaine, par exemple l’ascension de l’ASEKREM dans la Massif du Hoggar qui culmine à 2775 m. et où le niveau de pluviosité est inférieur à 2 mm. par an.
Merci à Gérard, Jean, Gilles et Jean Yves ainsi qu’à tous nos généreux donateurs et notre sponsor favori : la Générale de Eaux.
P.S : Une Brève pour finir, du petit N…. (18 ans) « En fait, un glacier, c’est de l’eau !...)